Vivre encore une fois cette déchirure,
Partir.
Etre prise dans le tourbillon de la vie
là-bas.
Vivre l’aventure,
Découvrir,
Voyager.
Avoir l’impression de vivre sans vous
Une vie réelle
Vivre réellement sans vous ma vie.
Une fois encore fouler le sol du désert humain
n’avoir presque pour seuls contacts
que des gens que mon cœur n’a ni choisis ni reconnus.
Vous entendre à l’envers,
la nuit pour vous quand il fait jour chez moi
Le jour chez vous quand il fait nuit pour moi
Et je perds le fil des saisons, de vos saisons.
J’oublie
J’oublie qui vous êtes,
ce que nous sommes lorsque nous sommes ensemble
J’oublie vos mots
la puissance de vos voix.
Et puis, au détour du calendrier,
Vos voix m’appellent de l’autre bout du monde
Vos voix chaudes qui sont ma résonnance, mes harmoniques, mes échos
Vos voix cadeaux, vos voix cocon.
Et alors
La boule est là
l’énorme boule qui mange tout mon ventre
obstrue ma gorge,
fait couler mes yeux.
Le manque.
L’émotion refoulée s’était tapie sous le quotidien
au fond du tourbillon.
Elle surgit des profondeurs,
comme le volcan entre en éruption.
Les larmes coulent,
cascades,
torrents dévalant les pentes,
raz de marée emportant tout sur son passage,
Et je suis à genoux.
Mon cœur lentement est devenu désert
A se priver ainsi de vous.
Il pleure son aridité.
Je suis si petite
d’avoir pu oublier un instant
qu’une partie de moi vit en vous
combien je vous dois d’être moi
que vous oublier
c’est aussi m’oublier moi-même.
Combien je suis fragile
d’avoir pu croire vivre entière
en vivant sans vous,
loin de vous,
mes amis.